De l’encre, de l’encre, et encore de l’encre noir… Et puis des résidus d’alphabets évaporés, des pièces égarées de puzzles improbables, des bosses, des creux, des cicatrices, des mots malmenés, éraflés, des morceaux boursouflés et tout griffés, des bouts de trucs collés, jetés les uns dans les autres, sous lesquels on verrait presque pointer l’os…
L’encre a tellement noirci la feuille qu’elle semble avoir réussi à l’enivrer d’un doux désordre, réinventant ici une machine maladroite qui tente, tant bien que mal, de se projeter en avant tout en s’écroulant, ou par là des excroissances si monstrueuses qu’elles déformeraient n’importe quel visage… Parce que Noir dedans c’est une série de petites pirouettes encrées d’où le corps n’est jamais bien loin, souvent travesti en motif ou caché derrière une ligne…
Les dessins apparaissent tels qu’en eux-mêmes : tantôt traînant sur les petits sentiers d’un drôle de cauchemar sans fin, tantôt lambinant du côté d’un carnaval oublié dans un coin de tête. A la fois légères et sombres, ces petites constructions bidimensionnelles s’amusent à manger les entrailles d’un cadavre exquis bien remuant, tout en folâtrant du côté d’un humour teinté de noir papier.
Si ces dessins entretiennent une conversation avec l’œil alors c’est avec une grammaire et un vocabulaire qui auraient fondu sur la ponctuation, obligeant l’œil à circuler sans arrêt, tout autour, dedans et même à côté, là ou se niche peut-être une respiration en forme de virgule ou de point, histoire d’en garder un peu sous le cil, avant de repartir s’écraser ailleurs…
Ça se passe ici où là, ailleurs toujours, dans un espace désenclavé où les contraintes, s’il en est, ne pèsent pas plus que les règles d’un jeu qu’on se plairait sans cesse, à modifier, à transgresser, illustrant avec un plaisir non dissimulé le geste graphique qui consisterait à faire dans l’exacte mesure où il défait…
Parallèlement à sa production graphique, Benoît Jouan collabore depuis 1998 aux créations de la chorégraphe Bakambamba Tambwe (également interprète pour Robin Orlyn, Faustin Linyekula etc.) et récemment illustre le catalogue 2006 du performer radical français Jean-Louis Costes. Il termine son premier roman. 

 

Vernissage le lundi 11 septembre à 18h30.

Exposition visible du 11 septembre au 1er octobre 2006 : du mardi au vendredi de 9h à 13h et les week-ends de 15h à 18h, ainsi que sur rendez-vous.

Tag(s) : #Archives des expositions
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